Vivre avec ou sans Dieu
Ce livre de Jean Ferniot est un peu le livre des questions que l'on peut se poser - j'imagine - au soir de sa vie, lorsqu'après plusieurs dizaines d'années de recherche, on ne sait toujours pas si Dieu existe...
"Quand la mort frappe à la porte, le mécréant lui-même se prend à espérer, serait-ce un bref instant, que c'est Dieu, un dieu bon, miséricordieux, qu'il trouvera derrière."Voici comment commence ce livre que l'on pourrait croire écrit par un Jean Barrois devenu philosophe.
Difficile à lire, il n'en est pas moins bourré de réflexions simples mais poussées sur le pourquoi et le comment du besoin qu'on les Hommes de savoir si, oui ou non enfin, dieu existe.
Citant Pascal et son pari, comparant sans cesse les trois grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, l'islam et le christianisme, Jean Ferniot finalement pose plus de questions qu'il n'en résout....
Plein d'humour, il cite cette phrase de Jean Rostand parlant avec Jean Guitton :Citant Pascal et son pari, comparant sans cesse les trois grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, l'islam et le christianisme, Jean Ferniot finalement pose plus de questions qu'il n'en résout....
"Quelle chance que vous avez de croire en Dieu ! Cela vous permet de ne jamais penser à lui. Moi qui n'y crois pas, j'y pense toujours."
Revenant aux origines de chaque religion, il pose par exemple l'épineux problème du péché originel (Eve croquant la pomme) : comment considérer cet acte comme un péché ? comment considérer Adam et Eve comme fautif et responsable ? Ils ne savaient pas qu'ils commettaient une faute...
"En quoi le chien qui "désobéit" à son maître est-il responsable ?On y apprend aussi que "chérubin" s'écrit aussi "chérubim" (je dis cela pour les cruciverbistes)
Le dressage n'est pas la conscience"
Puis l'auteur s'attaque aux différences d'approche qui peut exister entre le croyant et le scientifique, pour finalement conclure par cette phrase assassine :
"Mettre le Big-Bang à la place de Dieu, c'est se débarrasser d'une énigme pour s'encombrer d'une autre (...) En tout cas, la Science n'explique pas mieux l'origine du monde que la Théologie"Un partout, la balle au centre !
Je terminerai par une des conclusions du livre, pleine de sagesse :
"Pour ma part, loin d'avoir tiré, de l'expérience, la conclusion que le temps permet d'accroître le savoir, j'ai le sentiment que je me présenterai devant la mort sachant plus de choses, mais plus ignorant, qu'en mes jeunes années"et de citer Rainer Maria Rilke :
"Si l'on chante un dieu,
Ce dieu nous rend son silence.
Nul de nous ne s'avance
Que vers un dieu silencieux"
Lu dans Vivre avec ou sans Dieu, de Jean Ferniot, Editions Grasset
4 commentaires:
Sur le même thème, avec la notion de spiritualité le dernier livre de Comte-Sponville: "L'esprit de l'athéisme: introduction à une spiritualité sans Dieu". Un régal.
D'une certaine façon Boro engage un débat... Au soir de ma vie (disons, à l'heure du goûter) j ai bien envie d'y participer.
La rubrique "Commentaires" est-elle la mieux adaptée ? Ne serait-il pas possible d'ouvrir un espace-forum (pour cette question, ou aussi pour d'autres) ?
En tout cas je me lance et, promis, juste après je vais acheter le livre de Jean Ferniot...
Il me semble qu'avant de se poser la question de dieu, il faut se poser la question de la place d'Homo dans l'ensemble du vivant, animal et végétal.
Si Homo est au sommet de la hiérarchie des espèces, OK pour se poser la question de dieu. Mais si, comme je le crois, Homo n'est, même s'il en est conscient, qu'une espèce parmi des millions d'autres, alors la question de dieu me semble déplacée ou, au moins, très prétentieuse...;;;;
Si je devais écrire un livre, je crois qu'il s'appelerait "Je suis un grand singe" ou "I am an ape"
Je pense que cela doit être dans le livre ? W. Allen aurait dit : "Si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse." Plus sérieux, Néandertal aurait inventé les rites funéraires, puis après, Dieu lui serait apparu. A lui ou à Cro-Magnon. Quelqu'un a dit : "L'Homme a inventé Dieu, le contraire reste à démontrer."
Au hasard de mes recherches je tombe sur ce blog bien sympathique.
A propos du péché originel, j'aimerais apporter une petite précision au sujet qui, si elle n'apporte pas de réponse à la question fondamentale, pourra j'espère être utile.
La Genèse raconte une histoire sous une forme allégorique mais dont le sens reste clair. Nulle part dans le texte il n'est fait référence à une pomme. Il s'agit du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, seul fruit dont Dieu a interdit l'usage dans le paradis terrestre. Le couple humain est alors tenté par le serpent.
Au delà des symboles, (arbre, fruit, serpent), c'est l'échange entre les protagonistes qui est très éclairant. Le serpent explique que Dieu leur a menti : s'ils mangent de ce fruit, ils ne mourront pas mais deviendront comme Dieu, ce que celui-ci redoute, désirant garder jalousement ses prérogatives divines.
Ensuite vient l'interprétation : chez les chrétiens le serpent a toujours été considéré comme une figure archaïque de Satan, dont la faute a été de vouloir s'élever à la hauteur de Dieu, voire de le dépasser. Selon l'Apocalypse, le vainqueur de Satan est Michaël dont le nom signifie "qui est comme Dieu ?" (la forme interrogative est importante).
Bref pour revenir au péché originel, dans la tradition chrétienne il a consisté à désobéir **sciemment** et librement au commandement divin en acceptant la proposition diabolique qui était de devenir l'égal de Dieu. Le péché originel est tout simplement le péché d'orgueil.
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