30 janvier 2007

"Le jeune homme"







"Non, se dit-il. D'ailleurs, même si elle venait s'asseoir en face de moi, saurais-je lui parler habilement ? Rien n'est moins sûr. Puisqu'elle ne cesse de regarder vers moi, ne ferait-elle pas mieux de venir carrément ? Si elle vient, je ne sais pas si je pourrais comme les autres clients lui donner ma coupe de saké. Ça me semblerait si peu naturel de faire ce genre de chose. Même en me forçant, j'aurais sûrement l'air emprunté. Puisqu'elle propose du saké à tout le monde, elle peut bien m'en proposer à moi. Pourquoi ne s'approche t'elle pas ? Pourquoi ne me verse-t-elle pas à boire ? Rien ni personne ne s'oppose à ce qu'elle s'occupe de moi, que je sache !"


A l'image de ce jeune homme ne sachant pas trop comment s'y prendre avec cette tentante Geisha servant le thé, le livre raconte comment le Japon en général et les intellectuels en particuliers vécurent l'influence grandissante de la culture occidentale à la fin de l'ère Meiji : entre trouble, envie, crainte, timidité, peur, attirance mais toujours avec le sentiment que ce rapprochement serait inévitable. Mori Ogaï nous plonge ici dans ces années déterminantes pour la construction du Japon moderne, construction alliant des traditions marquées d'un certain conservatisme réactionnaire et des plongeons brutaux dans la civilisation occidentale d'avant-guerre.

Lu dans Le jeune Homme, de Mori Ogaï, Editions du Rocher
A lire aussi, la série Manga de Natsuo Sekikawa et Jiro Taniguchi Au temps de Botchan (édition du Seuil) qui présente, en près de 1500 pages, ce Japon là au travers de la vie des intellectuels de l'époque, dont Mori Ogaï.

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6 commentaires:

isaB a dit…

depuis quelques jours, le ton de ton blog a changé...ca fait plus "je vais vous en apprendre tous les jours" que "on apprend tous les jours". le concepte initiale, moins philosophico-machin me paraissait plus sympathique! tu vois par exemple le message sur le protocole chinois m'a remis en mémoire ce que j'avais moi meme appris sous le nom du "tourniquet chinois"...dans cet exercice, les mains ne sont pas au dessus de la table mais le succès est garanti....!!!!

Boro a dit…

Enfin tu te décides à la sortir, ta blague salace !!

Sur le ton du blog, il faut aussi savoir se faire plaisir...
Et j'aime bien raconter mes lectures.
J'espère que le post d'aujourd'hui sur les tomates-cerises t'auras ravi

isaB a dit…

effectivement c'est parfait....je sais pas si c'est le printemps avant l'heure mais je trouve ta photo de cerise également très suggestive...encore une conséquence indirecte du réchauffement de la planete!

Anonyme a dit…

Ouh là là....
Il serait bien que tu ailles te faire rafraîchir la tête quelquepart... En Suède par exemple, par ce que là, c'est chaud-chaud dans ta tête !

Patrice a dit…

J'ai retrouvé dans ma biblithèque un exemplaire de "Au temps de Botchan". Je ne suis pas sûr qu'il m'appartienne. Est-ce ton exemplaire ou un cadeau ? Je me souviens que tu m'as offert "Journal de mon père" du même Jiro Taniguchi (mais sans Natsuo Sekilkawa, en 1995). Pour Au temps de Bautchan je ne suis plus du tout sûr de mes droits de propriété...

Boro a dit…

L'exemplaire est bien le miens...
On se téléphone, on s'fait une bouffe ?