13 novembre 2007

Cette histoire-là


Dernier roman d'Alessandro Baricco (Soie, Novecento : pianiste, Océan Mer, Sans sang...), ce livre nous plonge dans la vie d'un rêveur fou (fou ?) dans l'Italie du début du XXè.
Avant, pendant et après la 1er Guerre Mondiale, nous suivons, par des chemins tous différents, la vie d'Ultimo Parri qui décide très tôt de remettre de l'ordre dans le (son ?) monde.

Sans être pour moi le meilleur livre de l'auteur, ce bouquin a le mérite de proposer, pour chaque étape de la vie d'Ultimo, un narrateur et une donc une façon différente de raconter son histoire.

Extraits choisis :
- Quoi qu'il en soit, c'est vous qui avez raison. J'ai dit non mais je pensais oui. Pourquoi, je ne le vous dirai pas. Et d'ailleurs, si vous voulez tout savoir, même à moi je ne le dirai pas, comme ça on sera tous plus tranquille.

Le vrai talent est d'avoir les réponses, quand les questions n'existent pas encore.

Ultimo regardait les montagnes indifférentes. C'était toujours difficile de s'expliquer le mystère de cette silencieuse mansuétude d'animal domestique qui ne réagissait pas à l'obscénité de ce que les hommes lui infligeaient, en le meurtrissant avec leur guerre de bombardement et leurs barbelés, sans aucun respect ni répit. On se damnait pour faire d'elle un cimetière, et pourtant la montagne était là, immobile, sans se soucier des morts, recousant heure après heure le tissu des saisons (...). Ce qui demeurait peu clair, c'était quelle leçon tirer de ce message muet d'indifférence inaltérable. Un signe de l'insignifiance de l'homme, ou au contraire l'écho de la reddition définitive du monde devant la folie humaine.

Les onze batailles de l'Isonzo, au cours desquelles les Italiens tentèrent d'enfoncer le front autrichien, donnèrent des chiffres hallucinants : pour déplacer la frontière d'une quinzaine de kilomètres, plus d'un million de soldats disparurent du champ de bataille, soit morts, soit blessés.

Vous me voyez là, maintenant, avec ma jambe de bois, un fils qui n'est pas le mien, un autre disparu dans le néant, et un petit camion d'invalide pour transporter des cagettes de fruits, et vous devez penser que je suis un homme triste, ou un raté. Mais ne vous arrêtez pas aux apparences. Vous savez, les gens vivent pendant tellement d'années, mais en réalité ils ne sont vivant que quand ils arrivent à faire ce pour quoi ils sont nés. Avant et après, ils ne font qu'attendre et se souvenir. Mais ils ne sont pas tristes quand ils attendent ou qu'ils se souviennent. Ils ont l'air tristes. Mais ils sont simplement un peu loin.

Jeune homme, après la guerre, il avait monté une agence d'investigation avec un camarade d'école, un bellâtre pas très finaud. Au bout de quelques années le camarade d'école s'en était allé en emportant ce qu'il y avait de plus vide dans l'agence : la secrétaire et la caisse.


Lu dans Cette histoire-là, d'Alessandro Baricco, aux éditions Gallimard

13 Novembre ================================================
1907 : premier décollage d'un hélicoptère en France
1934 : En Italie, les instituteurs doivent porter l'uniforme fasciste durant les heures de cours
1950 : Le Tibet accuse la Chine d'agression devant l'ONU
2002 : Naufrage du pétrolier Prestige qui transportait 77 000 tonnes de fioul lourd près des côtes de Galice au Nord-Ouest de l'Espagne (il coulera le 19 novembre)
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